22 février 2006

La décolonisation de l'Afrique depuis 1945


COUP de POUCE

DÉFINIR LE SUJET

La décolonisation de l'Afrique est un sujet de composition classique, vaste, qui suppose de nombreuses connaissances mais le libellé incite à y réfléchir avec plus de nuances. II s'intègre dans la seconde partie du programme d'histoire, dans le chapitre concernant la décolonisation et l'émergence du Tiers-Monde.

Le terme de décolonisation doit bien évidemment être clairement défini en évoquant tout ce qu'implique une indépendance vis-à-vis de la métropole. L'espace concerné, le continent africain, est immense, sous la tutelle de plusieurs pays (la France et l'Angleterre étant les puissances tutélaires majeures) et sa situation politique est contrastée. Certains États sont déjà indépen­dants (l'Egypte, le Libéria par exemple), d'autres sont des protectorats ou des colonies. L'absence de borne chronologique de fin nous incite à étudier le processus de libération et d'indépendance des colonies le plus loin possible, en fait jusqu'à aujourd'hui et invite même à s'interroger sur la possible poursuite de ce processus libérateur : c'est le problème du «néocolonialisme». Le plan retenu, qui nous semble le plus cohérent, regroupe des aspects thé­matiques mais aussi chronologiques. Il s'organise autour de trois idées cen­trales : le contexte favorable au niveau international ; la période 1955-1965 où la majorité des pays africains, de façon pacifique ou guerrière, obtien­nent leur indépendance ; enfin la longue fin de cette colonisation et le main­tien de certains aspects «coloniaux».

CHOISIR UNE PROBLÉMATIQUE

La longueur du processus de décolonisation en Afrique, les guerres de libé­ration, la situation instable des pays issus de cette décolonisation, les liens de dépendance très forts qui existent encore entre ces pays et l'ancienne métropole nous poussent à réfléchir aux modalités de ce processus, sur ses particularités, ses faiblesses, sa réalité...

Le candidat peut définir une problématique basique mais correcte qui serait :

«Quelles sont les modalités de cette décolonisation ? »

Une seconde problématique, plus élaborée, pourrait être : «Dans quelle mesure peut-on dire que la décolonisation africaine s'est déroulée de façon imparfaite et inaboutie ?»

MOBILISER DES CONNAISSANCES

Colonie, métropole, nationalisme, autonomie/indépendance, Commonweealth, Union française, apartheid sont des termes à connaître. Certains personnages nous semblent également incontournables : Ben Bella, Senghor, Nkru'mah, Lumumba, de Gaulle.

FAIRE UN PLAN

I- 1945-1955 : un contexte favorable

II- De 1955-1965 : une décolonisation quasi-totale

III- De 1965 à nos jours : une décolonisation tardive

RÉDIGER L'INTRODUCTION

Vous devez rappeler, brièvement, que l'Afrique fut le continent où les appétits colonisateurs des Européens fut le plus important : la France, l'Angleterre, le Portugal... font l'objet d'une attention particulière puisque ce sont les principales puissances colonisatrices.

Votre copie sera valorisée si vous évoquez les situations contrastées entre les pays et rappelez l'indépendance de certains avant 1945 (Egypte, Éthiopie. - .). Le terme de décolonisation doit être défini et vous devez montrer en quoi 1945 est une année fondatrice pour l'essor des mouvements d'émancipation africains.

PLAN DÉTAILLÉ

Introduction

L'Afrique fut à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, le continent « pri­vilégié» de l'expansion coloniale européenne. Le Portugal et la Belgique ont quelques possessions, l'Allemagne et l'Italie ont perdu les leurs à l'is­sue des deux guerres mondiales et ce sont la France et l'Angleterre les puis­sances dominantes.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la quasi-totalité des pays africains est dépendante (l'Egypte ou l'Union sud-africaine sont des exceptions). Après 1945, alors que les puissances européennes ont perdu beaucoup de prestige, les colonies s'engagent dans un processus de décolonisation par lequel l'Afrique se libère de la domination des pays européens. Cette émancipation fut longue - elle se termine en 1990 - et souvent difficile. Cette volonté d'émancipation voit le jour dans un contexte favorable où nombreux sont ceux qui soutiennent ce mouvement. Entre 1955 et 1965, la majorité des pays se libère de la tutelle européenne selon des modalités très différentes mais la fin très tardive de la décolonisation et la persistance de structures coloniales soulignent les difficultés de ce processus. Dans quelles mesures peut-on dire que la décolonisation africaine s'est déroulée de façon imparfaite et inaboutie ?

I - 1945-1955 : un contexte favorable

A. Des puissances coloniales discréditées et affaiblies

1- Défaite en 1940, la France a perdu de son prestige dans les colonies africaines et elle n'a réussi à maintenir sa tutelle que grâce à l'aide améri­caine. L'Angleterre sort vainqueur de ce conflit mais épuisée et son pres­tige est amoindri surtout à cause de ses revers asiatiques.

2- Les États-Unis et l'URSS, vainqueurs de la guerre, se font les hérauts de l'anticolonialisme. Les Américains rappellent qu'ils sont une ancienne colonie et les Soviétiques se réfèrent à la tradition révolutionnaire et éga-utaire du communisme.

3- L'ONU nouvellement créée en 1945 (charte de San Francisco), sert de tribune aux revendications libératrices et aux attaques contre les métro­poles de la part des États sud-américains, arabes ou asiatiques.

B. L'essor des mouvements nationalistes et contestataires

1. Les élites africaines (ex. Léopold Sédar Senghor) se sont formées en Europe et se sont inspirées des valeurs européennes de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

2. À la fin de la guerre, essor de mouvements nationalistes cristallisés autour du refus de la présence étrangère : le parti de l'Istiqlal au Maroc, le néo-Destour en Tunisie avec Habib Bourguiba, le panafricanisme de Kwame Nkrumah au Ghana (la Côte-de-l'Or)...

3. Au début des années 1950, la quasi-totalité des colonies asiatiques est libérée et ces pays servent d'exemple pour l'Afrique. En 1955, la confé­rence de Bandung en Indonésie, à laquelle participent plusieurs déléga­tions africaines, condamne le colonialisme et rappelle le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

C. Des métropoles sourdes aux revendications

1. Face à ces revendications, les métropoles ne proposent que des avan­cées bien insuffisantes.

2. L'Angleterre s'oriente vers un Self-Government, forme d'autonomie pour ses colonies, processus « gradualiste » qui s'effectuera par étapes.

3. La France crée l'Union française en 1946 mais n'envisage ni autono­mie ni indépendance.

4. Les positions du Portugal et de la Belgique sont similaires.

La colonisation et le système colonial, critiqués et contestés de toutes parts, ont vécu, et la décennie qui s'annonce en 1955 sera celle des libérations, pacifiques ou non.

II- 1955-1965 : une décolonisation quasi-totale

A. Des indépendances négociées

1. Dans la plupart des pays africains, l'indépendance est octroyée sans vio­lence après négociations et dans le cadre d'accords.

2. Le Ghana, dirigé par Nkrumah, est le premier pays noir indépendant et son leader prêche l'unité africaine (1957).

3. Dans sa foulée, la plupart des colonies anglaises (Nigeria, Gambie...) obtiennent l'indépendance mais restent attachées à l'Angleterre grâce au Commonwealth.

4. L'Afrique noire française (Mali, Côte d'Ivoire, Sénégal...) envisage une forme d'autonomie et non l'indépendance. A partir de 1956, la loi-cadre Defferre permet le transfert de la souveraineté aux anciennes colonies : en 1960 les territoires de l'AEF et de l'AOF sont indépendants.

5. Les colonies italiennes (Libye, Somalie ) confiées à l'ONU deviennent indépendantes en 1951 et I960.

B. Des luttes pour l'indépendance plus ou moins violentes

Certaines indépendances ont été plus difficiles et sanglantes essentiellement sur des territoires où la population européenne était nombreuse (Algérie, Kenya).

1. Les indépendances du Maroc et de la Tunisie sans être d'une violence extrême furent tendues (exil de Mohammed V, terrorisme et représailles) et obtenues en 1956.

2. Au Kenya, l'Angleterre doit faire face au soulèvement sanglant des Mau-Mau en 1952 contre les «collaborateurs noirs» d'abord puis contre les Blancs. Il fut violemment réprimé. Indépendance en 1963.

3. L'Algérie, colonie de peuplement, où résidaient 1 million de Français (les pieds-noirs) entre le 1er novembre 1954 dans une guerre longue pen­dant laquelle la position de la métropole évolue de l'intransigeance à l'iné­luctable indépendance (accords d'Évian en 1962).

C. Le Congo belge : une négociation qui tourne à la guerre civile

1. La colonisation n'engendra pas l'émergence d'une élite et maintint une séparation entre les ethnies. À la fin des années 1950, le Congo se trouva dépourvu de personnel pour prendre la suite des Belges.

2. Bâclée, l'indépendance octroyée en 1960 laisse un pays divisé. Patrice Lumumba, Premier ministre (assassiné en 1961), partisan d'un pouvoir centralisé, doit faire face à la sécession du Katanga, riche province minière, qui se termine en 1963 après une guerre civile terrible.

3. En 1964, le général Mobutu prend le pouvoir.

L'ensemble de ces décolonisations donne naissance à de « nouveaux » pays qui reprennent exactement les frontières issues de la colonisation qui sépa­raient ethnies, langues ou religions, sources évidemment de multiples contestations (le Sahara occidental) ou de guerres (Tchad, Nigeria...).

La lente agonie de l'Empire portugais et les sursauts racistes vains de l'Afrique australe finissent la décolonisation de l'Afrique. Mais les liens tis­sés pendant plusieurs décennies ne s'effacent pas ainsi, et la « coopération » financée par les anciennes puissances est parfois ambiguë.

III - De 1965 à nos jours : une décolonisation tar­dive et «inaboutie»

A. Le Portugal s'arc-boute sur ses colonies

1. Le Portugal du dictateur Salazar conditionne la survie de son régime au maintien de l'Empire.

2. L'Angola et le Mozambique deviennent indépendants en 1975 après plusieurs années de guérillas sanglantes (la rébellion avait commencé au début des années 1950 en Angola et en 1962 au Mozambique).

3. Ces indépendances sont liées à la «révolution des œillets» de 1974 qui renverse Salazar.

B. Inégalités raciales et nouvelle colonisation en Afrique australe

1. La situation en Afrique australe présente cette originalité que le mou­vement de reprise de la colonisation est le fait des colons eux-mêmes en opposition avec leur métropole.

2. La Rhodésie du Sud, après avoir réprimé des mouvements nationalistes, déclare unilatéralement son indépendance en 1965 au profit d'une mino­rité blanche sans l'accord de Londres qui refuse d'intervenir. Résistant 15 ans à toutes les pressions, la Rhodésie ne cède qu'en 1979 et en 1980 elle devient le Zimbabwe.

3. La Namibie est officiellement le dernier pays à obtenir son indépen­dance en 1990, en se libérant de la tutelle sud-africaine, vieille de 70 ans.

4. En Union sud-africaine, les dirigeants blancs établissent une législation instituant l'apartheid à partir de 1948. Ce sont donc les colons blancs qui maintiennent un système «colonial» sur la majorité noire. Ces mesures ne prendront fin qu'en 1991 et Nelson Mandela, opposant longtemps empri­sonné, devient président en 1994.

C. Une décolonisation totale ?

1. «L'essence du néocolonialisme tient à ce qu'un Etat qui est indépen­dant en théorie [...] a en réalité sa politique dirigée de l'extérieur», écri­vait en 1965 Kwame Nkrumah.

2. Si les pays africains sont aujourd'hui tous indépendants, ils entretien­nent des relations très étroites avec leurs anciennes métropoles : écono­mique (le cours du franc CFA décidé par la France), politique ou militaire (opération Licorne en Côte d'Ivoire en 2003).

Conclusion

Les Européens étaient fortement implantés en Afrique, plus que sur le continent asiatique et depuis plus longtemps, et ont accordé souvent dif­ficilement et tardivement leurs indépendances aux colonies. Ce long processus de libération a profondément marqué ces pays qui gar­dent aujourd'hui encore les stigmates de cette période. Économiquement, diplomatiquement, militairement, les anciennes colonies sont encore sou­vent subordonnées aux volontés européennes (Ne parle-t-on pas de la Françafrique ?).

Ce soutien ressemble parfois à une nouvelle domination, plus insidieuse, un néocolonialisme à combattre pour assurer à ces pays un développement à long terme.

[source : annales du Bac, 2005, Nathan]

20 février 2006

L'émancipation des peuples colonisés : indépen­dances et tentatives d'organisation (1945-1975)

[Plantu, "Le champ clos des dépendances, 1978]

Chronologie indicative :

1945 Proclamation de l'indépendance du Viêt Nam

1946-1954 Guerre d'Indochine.

1947 Indépendance de l'Inde et du Pakistan.

1955 Conférence de Bandung.

1956 Indépendance du Maroc et de la Tunisie.

1957-1966 Indépendance de la plupart des colonies britanniques d'Afrique noire.

1961 Première conférence des pays non alignés à Belgrade.

1962 Indépendance de l'Algérie.

1964 Première CNUCED.

1973 Sommet des non-alignés à Alger, premier choc pétrolier.

1975 Indépendance des colonies portugaises d'Afrique.


COUP de POUCE

DEFINIR LE SUJET

- Le sujet est typiquement un « sujet de cours » mais demande un travail d'analyse pour bien mettre les événements en perspective. Le terme « émancipation » désigne le processus juridique par lequel une personne (ici, un peuple) accède à l'autonomie, la liberté, la responsabilité. La précision qui vient ensuite (« des peuples colonisés » et « indépendances et tentatives d'organisation ») montre que le sujet traite de la décolonisation mais aussi de toutes les démarches entreprises ensuite pour permettre une émergence du Tiers-Monde sur la scène internationale (un nouvel ordre international ?). Enfin, le terme « tentatives » indique qu'il faudra mettre en perspective la faiblesse des résultats obtenus dans l'organisation du Tiers-Monde.

-Le sujet est clairement limité dans le temps : 1945 marque la fin de la Seconde Guerre mondiale et demande que l'on explique pourquoi le processus s'est accéléré à partir de cette date ; 1975 marque la fin du processus de décolonisation (indépendance achevée des colonies portugaises) mais aussi le début avéré de la crise économique mondiale, et se situe après les grandes conférences en vue de l'établissement du non-alignement ou d'une unification du Tiers-Monde.

CHOISIR UNE PROBLÉMATIQUE

Le sujet ne réclame pas un simple récit chronologique des étapes de la décolonisation mais une mise en perspective du processus de décolonisation et d'organisation des peuples décolonisés. La problématique peut donc être : « La période 1945-1975 a-t-elle permis aux peuples colonisés d'entrer dans le concert des nations?»

MOBILISER DES CONNAISSANCES

- Pensez à tous les aspects de la décolonisation et de la contestation de l'ordre mondial par les pays du Tiers-Monde. Mais le sujet couvre un pan très large du programme et la qualité du devoir se lira non à la masse de connaissances mais, au contraire, à la capacité de synthèse et d'analyse du candidat.

- Pensez à utiliser les dates de la chronologie (toutes importantes). Il faut y ajouter l'année 1960, qui marque la fin de l'Empire français d'Afrique.

- Citez les colonies dont l'indépendance a marqué le processus d'émancipation : Inde, Indochine, Algérie mais aussi Gold Coast (Ghana), première colonie indépendante d'Afrique subsaharienne.

- Nommez les grands noms de la décolonisation et des tentatives d'organisation du Tiers-Monde : Nehru, Nasser, Tito, Hô Chi Minh et Zhou Enlai. Enfin, définissez le terme «Tiers-Monde » en rappelant l'auteur du mot (Alfred Sauvy) et la manière dont il s'est formé (sur le modèle du mot « tiers-état »).

FAIRE UN PLAN

Le plan véritablement chronologique paraît difficile, dans la mesure où les tentatives d'organisation précèdent largement la fin de la décolonisation. Il paraît plus réaliste d'opter pour un plan thématique en deux parties, de manière à traiter les deux aspects du sujet :

I - Les indépendances (1945-1975)

II - L'échec du Tiers-Monde

Certains élèves peuvent être tentés de faire une première partie sur la situa­tion en 1945 (développer la première sous-partie ci-dessous), mais cela ris­que de donner un devoir très long, inachevé dans sa rédaction, et de noyer la nécessaire analyse et la mise en perspective dans le flot de connaissances.

RÉDIGER L'INTRODUCTION :

Un rapide tableau de la situation au lendemain de la guerre permet de faire comprendre en quoi la guerre a représenté une charnière dans le processus d'émancipation des peuples colonisés.

PLAN DÉTAILLÉ

Introduction

Définition du sujet : Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, près de la moitié de la planète se trouve sous la domination de quelques puis­sances coloniales européennes. Mais alors que, dans l'entre-deux-guerres, les oppositions à la colonisation semblaient s'être calmées, la guerre a réveillé les revendications nationalistes.

Problématique : La période 1945-1975 a-t-elle permis aux peuples coloni­sés d'entrer dans le concert des nations ?

Annonce du plan : Trente années (1945-1975) suffisent aux peuples colo­nisés pour obtenir leur indépendance mais ne leur permettent pas, malgré diverses tentatives d'organisation, d'occuper dans le concert des nations la place véritablement espérée.

I - Les indépendances (1945-1975)

A. Le processus d'indépendance dès la fin de la guerre

1. La guerre a accéléré les revendications

- Elle a terni la puissance des États coloniaux.

- Elle a permis à certaines colonies d'entrevoir l'indépendance (attitude du Japon en Asie).

- La participation des peuples colonisés à la victoire leur fait espérer une contrepartie.

2. La nouvelle situation internationale est favorable à l'indépendance

- Signature de la « charte de l'Atlantique » par Roosevelt et Churchill en 1941.

- Hostilité des deux grandes puissances (États-Unis et URSS) et de la toute nouvelle ONU à la colonisation.

- Évolution des opinions publiques en Europe.


B. La première vague de décolonisation : l'Asie

1. Explication

-Ancienneté des mouvements nationalistes en Asie (ex. : Gandhi en Inde).

- Influence du marxisme.

- Rôle déstabilisateur du Japon pendant la guerre.

2. L'indépendance des colonies britanniques

Elle se fait de façon pacifique, du fait de l'existence du Commomvealth : indépendance de l'Inde, « joyau de la couronne », dès 1947 (mais partition du pays dans la violence).

3. L'émancipation des Indes néerlandaises

Elle s'obtient au prix d'une véritable guérilla (indépendance en 1949).

4. La décolonisation de l'Indochine française

- Elle donne lieu à neuf années de guerre : proclamation de l'indépen­dance du Viêt Nam en 1945 (Hô Chi Minh), mais la France n'est pas prête à lâcher sa colonie.

-À partir de 1950, le conflit s'internationalise : les États-Unis intervien­nent pour « endiguer » l'expansion du communisme dans cette région du monde, y créant une situation durablement violente.

- La conférence de Genève en 1954 règle la question de l'indépendance, pas celle de la guerre.


C. La seconde vague de décolonisation : l'Afrique

1. Les pays du Maghreb

- Le Maroc et la Tunisie n'accèdent à l'indépendance qu'en 1956.

- La décolonisation de l'Algérie n'intervient qu'en 1962 à l'issue d'une longue guerre : la France n'est pas décidée à laisser cette colonie, à la fois colonie de peuplement dans laquelle vivent de nombreux Français et réserve économique (pétrole) : accord d'Évian (mars 1962).

2. L'Afrique subsaharienne

Elle est la dernière à accéder à l'indépendance : territoire par territoire de manière pragmatique du côté des colonies britanniques (1957-1966), en ordre concerté du côté français (indépendances massives en 1960), de manière précipitée dans les colonies belges (Congo belge en 1960) et tar­dive pour les colonies portugaises, dont le régime dictatorial s'accroche, jusqu'à sa chute, aux lambeaux de l'empire (1975).


II - L'échec du Tiers-Monde

A. L'émergence d'un projet

1. Un projet de 1947

Dès 1947, volonté des pays nouvellement indépendants de trouver leur
place sur la scène internationale, idée d'un certain neutralisme entre les
deux grandes puissances, d'une troisième voie alternative en réaction à la
guerre froide.

2. Naissance de l'idée d'un « Tiers-Monde »

Rappeler l'origine et la signification du terme.

3. Des actions concrètes sur le terrain

— Pression, au sein de l'ONU, des nouveaux États indépendants en faveur des colonies réclamant leur émancipation.

— Des solidarités dans les luttes émancipatrices au sein de l'Amérique latine (Che Guevara), de l'Afrique (création de l'OUA en 1963) mais aussi entre l'Amérique et l'Afrique.

4. La difficile émergence d'un projet commun

— Mais l'émergence d'un projet commun est régulièrement mise à mal par les divisions (guerre civile dans l'ancien Congo belge, désaccords fronta­liers entre d'anciennes colonies, notamment en Afrique) ;

— ... et par l'échec de la voie démocratique dans bien des pays.


B. La naissance du Tiers-Monde

1. La conférence de Bandung : 1955

- La volonté d'organisation débouche sur la conférence de Bandung (1955) : 29 pays participants, quelques leaders (Nehru, Nasser, Zhou Enlai).

- Beaucoup de sujets abordés (notamment la dépendance économique et culturelle).

- Quelques recommandations (vis-à-vis de la colonisation, de la ségréga­tion raciale, des relations économiques avec les pays développés...).

- Un fort retentissement international (renforcé par la nationalisation du canal de Suez) mais un faible impact de fond.

2. La première conférence des pays non-alignés à Belgrade (Tito) : 1961

- Véritable émergence de l'idée de « non-alignement » sur les deux grandes puissances.

- Volonté également de créer une unité entre les pays du Tiers-Monde.

- Mais le mouvement ne réussit pas à prendre son essor du fait des divi­sions.


C. La prédominance des questions économiques

1. Le contexte économique

- Dans les années 1960, les pays du Tiers-Monde représentent la majorité de la population mondiale mais moins de 10 % des richesses. En outre, des relations de domination politique mais surtout économique persistent entre les anciennes colonies et les anciennes puissances coloniales (néoco­lonialisme).

- À partir des années I960, la revendication économique prend le pas sur la volonté politique : obtenir un meilleur partage des richesses.

2. La première CNUCED (Conférence des Nations unies pour le com­merce et le développement) : 1964

« Trade but no aid ». L'idée de conditions plus favorables aux pays du Tiers-Monde commence à faire son chemin.

3. Sommet des non-alignés à Alger : 1973

- Les revendications sont devenues presque exclusivement économiques (déclaration sur le NOEI, Nouvel ordre économique international).

- Émergence du groupe des 77 et surtout décision par les membres de l'OPEP d'augmenter le prix du pétrole (premier choc pétrolier, 1974).

Conclusion

Bilan du devoir : En quelque trente ans, de 1945 à 1975, les peuples colo­nisés ont réussi à s'affranchir du joug colonial et à trouver leur indépen­dance politique, mais pas à occuper une place réelle dans le concert des nations, notamment sur le plan économique.

Ouverture : Tandis que le premier choc pétrolier fragilise encore plus les pays pauvres sur le plan économique, la disparition du bloc communiste, à la fin des années 1980, marque la fin du non-alignement. Pour se faire entendre sur la scène internationale, certains pays tentent alors de trouver de nouvelles voies, comme l'islamisme.

[corrigé issu des Annales 2006, Nathan]

16 février 2006

De la Seconde guerre mondiale à la guerre froide


Je vous propose aujourd'hui l'exploration de quelques sites en lien avec le programme :

Vous allez tout d'abord créer un document Word sur lequel vous répondrez aux questions et que vous m'enverrez à la fin de l'heure.

Voici la liste des questions, les réponses sont à chercher dans les sites indiqués :

I. Hiroshima et Nagasaki :

1. Quels sont les noms donnés aux deux bombes du 6 et du 9 août ?
2. Comment est justifiée par les Américains l'utilisation de la bombe ? Cette décision est-elle soutenue par l'opinion publique américaine ?
3. Combien le bombardement sur Hiroshima a-t-il fait de victimes (instantanément et par la suite) ?

http://www.hiroshima-nagasaki.org/

II. Le mur de Berlin :

1. Combien d'Allemands de l'Est se réfugient-ils à l'Ouest entre 1949 et 1961 ?
2. Comment les autorités de RDA justifient-elles la construction du mur ? Quelle est sa longueur autour de Berlin-Ouest ? Combien de personnes ont réussi à le franchir (Mauerbrecher) et combien y ont été tuées ? Joignez une photo de Checkpoint Charlie.
3. Quand et par qui est annoncée la libre circulation entre l'Est et l'Ouest ?

1. Quel jour Kennedy apprend-il l'installation de rampes de lancement à Cuba ? Que dit-il en l'apprenant ?
Joignez une image du rayon d'action prévu des missiles
2. Comment s'appellent les deux lignes de "quarantaine" mises" en place ? Que se passe-t-il le 27 octobre ?
3. Qu'a obtenu Khrouchtchev contre le retrait des missiles ? Quand est installé le "téléphone rouge" et quand a-t-il servi pour la première fois ?
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